Youpi, trop cool, j'ai eu un commentaire a mon premier message!! Je ne sais pas comment faire pour répondre personnellement à la personne à qui j'ai fait perdre 30 secondes de sa vie pour lire ce truc laborieux alors je lui réponds ici: le chéri de ses dames, pourquoi pas, encore faudrait-il qu'elles s'apperçoivent de ma présence et n'étant pas doué dans l'automarketingpublicitaire, c'est pas gagné. Pour ce qui est de la colle, si personne ne chie dedans et qu'elle n'est pas sous fome d'heure mais en stik, en tube, en spray, en crème, en pot, en fût, emmenez par la foule... Je ne suis pas hostile.
Bon sinon il fallait que je vous cause de toute urgence d'un phénomène inquiétant que j'observe et étudie avec obstination depuis mettons deux mois. Phénomène que je nommerai desormais "résignation collective face à l'inacceptable" au motif que "ouais mais bon t'façon on peut rien faire".
J'ai remarqué ce curieux comportement au lycée lorsque j'essayais de motivé mes petits camarades à faire grève et à prendre le train pour Paris en vue de manifester notre désaccord avec les réformes et directives de notre ministre de l'éducation de l'époque qui faisait déja un travail de sabotage de l'école publique.
Je l'ai remarqué à nouveau lorsque étant étudiant en STAPS le nombre de poste au concours de professeur d'EPS à été réduit par deux, j'ai eu bien du mal à traîner quelques amis sur le chemin des manifs étudiantes.
Je le remarque encore aujourd'hui au lycée dans lequel je suis pion depuis quinze mois (oui parce que j'ai arrêté les études après ma licence pour faire de la musique et comme ça ne nourrit pas son homme je fais des petits boulots à coté).
Donc dans ce lycée de banlieue parisienne frequenté pour la moitié par des élèves venant des cités voisines, nous avons du fermer une classe de seconde car le budget attribué au lycée avait été diminué. Le nombre d'élèves rentrant chaque année étant constant, les effectifs par classe ont donc augmenté et nous sommes cette année avec 12 secondes à 35 élèves (dans ma folle jeunesse j'y étais lycéen et il y avait 16 secondes à environ 27-28 élèves).
Eh bien voila qu'au mois de mars, nous recevons la Dotation Horaire Globale (DHG) qui nous sera attribuée pour l'année prochaine et surprise, nous devons encore fermer une classe de seconde avec pour conséquence des effectifs de 38-39 élèves par classe sans compter ceux qui vont redoubler et qui se réinscriront l'année prochaine.
De plus, les heures supplémentaires qui permettaient aux professeurs d'organiser des examens blancs ou des heures de soutient individualisé sont presque totalement supprimées.
Pour récuperer des heures, l'inspection académique nous dit de supprimer des options. Celles-ci sont déja peu nombreuses (théâtre, italien et latin) et nous refusons d'y toucher.
Il faut savoir que de nombreux élèves issus des collèges de la ville (où la situation est
toujours tendue et le niveau très faible du fait de la ghettoisation de
ces établissement qui n'ont pas les moyens de faire face aux problèmes
qui leur sont spécifiques)ont besoin de redoubler leur seconde pour se
mettre à niveau et dans 90% des cas, cela leur est bénéfique.
L'idée étant d'emmener les élèves jusqu'au bac quelque soit leur niveau en entrant au lycée en leur permettant de redoubler dans de bonnes conditions et de beneficier d'un soutient scolaire. Peu importe le temps que cela doit prendre si au bout la quasi totalité des élèves sont bacheliers.
Notre taux de réussite au bac est dans la moyenne nationale voir un peu au dessus. Par contre notre taux de redoublement en seconde dépasse les 30% et ce n'est pas du goût de l'académie car on plombe leurs statistiques. Ils nous demande la moyenne nationale soit environ 15% mais c'est oublier le public spécifique qui fréquente ce lycée et ses problèmes. Les redoublants coûtent cher alors on nous enlève une classe pour nous forcer à faire passer plus d'élèves en première.
Conséquences:
- Des classes surchargées donc dégradation des conditions d'apprentissage pour les élèves et des conditions de travail pour les enseignants.
- Obligation de faire passer en première la quasi-totalité des élèves quelque soit leur niveau avec en plus l'impossibilité de faire du soutient scolaire pour les élèves en difficulté. Le taux de réussite au bac va donc chuter mais cela n'inquiète pas l'académie pour qui la fin justifie les moyens.
- Les élèves qui échoueront au bac n'auront aucune garantie de pouvoir redoubler dans leur établissement d'origine et devront aller dans d'autres lycées, parfois très loin de chez eux.
- Beaucoup d'élèves découragés quitteront le lycée sans diplôme (mais eux ne coùteront plus rien!!).
Et ce bon Sarko qui veut la suppression de la carte scolaire (c'est à dire l'obligation pour les élèves d'aller dans leur lycée de secteur ce qui permet une certaine mixité sociale) et la possibilité de choisir son lycée en fonction de son taux de réussite au bac aura pour conséquence la fuite de tous ceux qui en ont les moyens financiers et/ou les capacités scolaires vers les lycées privés ou les établissements publics plus prestigieux.
La mixité sociale qui est notre richesse et qui permet à notre lycée accueillant des élèves issus des villages voisins comme des cités de la ville d'avoir de bons résultats est remise en cause avec les conséquences citées ci-dessus.
Et pendant que l'on nous ferme une classe, on en ouvre deux dans le lycée privé d'à coté...
Mais l'académie nous dit que le privé était la continuité du public...
Le décors étant posé, passons aux actions:
Les profs, les cpe, les pions, les élèves et leurs parents sont pas contents.
Seulement du discours aux actes il y a du chemin.
Nous avons imaginé l'occupation du lycée par les parents d'élèves avec le soutient des professeurs jusqu'a obtention du nombre d'heure ridicule que l'on demandait (54 heures soit moins que ce qui nous est attribué cette année, comme quoi on est quand même raisonnable).
Mais beaucoup on eut peur de participer à une action si révolutionnaire, n'écoutant que leur courage et souhaitant laisser une chance au dialogue, ils ont été se faire allumer au rectorat par des gestionnaires méprisants. Comme ça n'avait pas suffit, les parents d'élèves sont aller se refaire tartiner la gueule de mauvaise foi par le même rectorat. Et de réunion en heure syndicale où la question était surtout de savoir si tout était bien légal et que nous restions bien dans le cadre du petit fonctionnaire pas content mais qui ne veut pas prendre de risque, tout le monde s'est épuisé. Dans un dernier sursaut nous avons organiser 2 blocages du lycée dont un qui à foiré pour cause de manque de couilles. Puis tout le monde a repris sa petite vie en se disant qu'on remetterait ça en septembre. La possibilité de perturber les épreuves du bac n'en parlons même pas...
Nous étions une petite poignée à étre écoeuré par tant de naïveté, de résignation, de mauvaise fois, de peur irrationnelle, etc.
Deux semaines passent et voila que notre bon chef d'établissement, qui s'était illustré pendant le mouvement par sa mollitude légendaire, nous convoque les 3 CPE et leur colle une demande d'avertissement envoyé à l'inspecteur d'académie.
Motif principal: sans l'accord du chef d'établissement, ils sont passés dans les classes prévenir les élèves des dates de blocage du lycée et leur conseiller de rester chez eux, les cours ne pouvant êtres dispensés.
Certains professeurs ont faits de même ainsi que des surveillants dont je fais partie.
De plus ces actions ont été organisées collectivement, il est donc totalement inacceptable que seuls les cpe soient sanctionnés. C'est personne ou tout le monde.
Les profs au grand complet défilent dans les bureaux des CPE en leur disant que ouais, c'est dégueulasse, on est désolé, c'est pas cool ce qui vous arrive... certains ont été voir le proviseur en lui disant que c'était pas très gentil tout ça, qu'il était vilain...
Pour ma part j'ai été le voir pour lui demander de me sanctionner au même titre que les CPE. J'ai été imité depuis par un ou deux profs sur 80!! Alors que mon statut d'assistant d'éducation ne me protège quasiement pas, je peux être dégagé du jour au lendemain sans préavis ni indemnité (déja je m'attends à ce qu'on ne me renouvelle pas mon contrat fin aout vu les sous entendus du proviseur) contrairement aux profs qui ont quand même la sécurité de l'emploi et qui ne risquent pas grand chose. Un avertissement n'est pas inscrit dans leur dossier, c'est la plus petite sanction pour eux. Pour nous c'est la seule avant licenciement.
Alors, il est facile de s'agiter aux assemblées générales, de s'offusquer, de faire une petite lettre de soutient avec des signatures, de dire que c'est vilain... mais qui parmis eux est capable de s'engager pour défendre les CPE dont tout le monde s'accorde à dire qu'ils font un super boulot, qu'ils sont efficaces et consciencieux, que c'est les meilleurs qu'ils aient jamais eu... Les CPE n'avaient rien a gagner dans le mouvement auquel ils ont participé activement, c'est pas eux qui enseignent devant 40 élèves. Ils se sont engagés pour défendre les élèves et les profs, ils sont les seuls a trinquer. Eux qui se sont déja mouillés pour défendre certains collègues en difficulté avec la hiérarchie.
Les trois CPE sont ressortis de l'assemblé générale d'aujourd'hui déprimés par le peu de réaction des collègues qui ne proposent que des lettres à l'académie et au rectorat, des pétitions ou une réunion avec le proviseur. Les courriers sont déja à l'inspection, l'académie ne désavouera pas le chef d'établissement, les profs vont encore se faire laminer et ballader avec leur petites lettres de merde pour éviter le rapport de force, comme si les leçons des 2 derniers mois n'avaient pas suffi.
C'est le jour même où les CPE ont été convoqués dans le bureau du proviseur pour signer la demande d'avertissement les concernant (ce qu'ils ont d'ailleurs refuser de faire) qu'il aurait fallu se mettre en grève illimité jusqu'à suspenssion des sanctions.
Si les profs sont réellement choqués par cet évenement ils n'ont qu'a agir. Ils ne risquent pas grand chose. Sinon eh bien qu'ils la ferment au lieu d'aller taper sur leur épaule en disant" on est avec vous".
Par solidarité avec les CPE, l'équipe des assistant d'éducation (c'est nous) au statut pourrit et à la paie désastreuse allons donc nous mettre en grève illimité dans le courant de la semaine prochaine si le proviseur ne suspend pas les sanctions après la petite réunion gentillette avec les professeurs. Nous demanderons que cette sanction s'applique également au assistants d'éducation puisqu'il s'agissait d'un mouvement collectif.
Que les profs se démerdent avec leur conscience foireuse et leurs belles paroles humanistes. Ceux qui veulent nous rejoindre sont les bienvenus (heureusement il y en a mais trop peu, mes mots amères ne leurs sont d'ailleurs pas destinés) et que les autres aillent se faire foutre.